Chamonix : un nouveau PLU axé sur le logement des résidents permanents
Avec un prix du mètre carré parmi les plus élevés du pays, la crise du logement est devenue une problématique majeure pour les habitants de la vallée. Chaque année, Chamonix enregistre environ 8 millions de nuitées touristiques, une affluence qui accentue le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements. La commune, où près de 70 % des biens immobiliers sont des résidences secondaires, a d’ailleurs été classée en "zone tendue touristique" en 2023. Cette situation impacte directement les 9 000 résidents permanents ainsi que les travailleurs saisonniers, rendant l’accès au logement de plus en plus difficile.
Un recentrage vers le logement permanent
La municipalité a déjà mis en place plusieurs mesures pour encadrer les locations de courte durée et entend désormais aller plus loin avec ce nouveau PLU. En s’appuyant sur la loi Le Meur du 19 novembre 2024, qui renforce la régulation des locations meublées touristiques et accorde davantage de pouvoirs aux maires, Chamonix souhaite redonner la priorité aux habitants dans l’attribution des logements.
Ainsi, certaines zones urbanisées seront soumises à des restrictions interdisant la construction de nouvelles résidences secondaires. Grâce à l’instauration de servitudes de logement permanent permises par la nouvelle réglementation, seules les constructions destinées à l’habitat principal seront autorisées. Sur quelques secteurs, une obligation de mixité sera imposée, avec au moins 50 % de logements sociaux ou intermédiaires. L’ambition de la municipalité ne se limite plus à encadrer le parc immobilier existant, mais s’étend désormais aux projets futurs pour assurer un meilleur équilibre entre résidences principales et secondaires.
Un encadrement strict des infrastructures touristiques
Le nouveau PLU prévoit également de freiner le développement des infrastructures touristiques en interdisant les projets hôteliers d’envergure. Seuls les établissements de petite taille, considérés comme des "hôtels familiaux" d’environ 40 chambres, seront autorisés à entreprendre des travaux de modernisation et pourront agrandir leur capacité d’accueil dans une limite de 30 %. L’objectif est de limiter la croissance de l’offre d’hébergement touristique pour éviter une saturation du marché immobilier.
Les hôtels de plus grande taille ne pourront bénéficier d’une extension que sous conditions strictes : une augmentation limitée à 20 %, exclusivement destinée à loger les travailleurs saisonniers. Cette mesure vise à pallier la pénurie de logements pour ces professionnels, à stabiliser l’emploi local et à réduire les déplacements quotidiens entre leur lieu de travail et leur domicile.
Le PLU de Chamonix reflète une volonté forte de recentrer le développement urbain sur les besoins des résidents permanents. Ce document d’urbanisme traduit également l’ambition de la commune de s’inscrire dans une démarche plus durable en matière d’aménagement du territoire.
Le vote du Conseil Communautaire, prévu pour le 13 mars, devra valider ces nouvelles orientations. Parmi les autres mesures importantes du plan, la municipalité prévoit également de convertir 90 hectares de terrains initialement destinés à l’urbanisation en zones agricoles, ainsi que de reclasser 50 hectares en zones naturelles. Cette décision vise à préserver les prairies et les espaces verts proches des habitations, afin de maintenir la biodiversité locale et d’assurer un cadre de vie plus équilibré aux habitants.